L’article se propose, notamment, de faire le point sur la manière dont la critique a reconnu en Cohen un écrivain séfarade – adjectif dont l’acception exige un éclaircissement d’ordre terminologique – en retournant pour cela aux origines corfiotes d’Albert Cohen telles que les révèlent, d’une part, l’approche biographique, d’autre part, le versant autofictionnel de l’œuvre. L’article soulève ainsi plusieurs questions : est-il légitime de considérer Albert Cohen comme un écrivain séfarade à part entière ? Quelle langue a bercé la tendre enfance de Cohen, et quels rapport entretiendra-t-il avec la langue première lorsque la langue seconde, le français, garant de l’intégration sociale, prendra le pas sur la première ? Quelles traces de la culture séfarade peut-on relever dans l’œuvre fictionnelle ? La fière revendication d’une filiation séfarade par la branche aînée du héros Solal suffit-elle à justifier la « séfaradité » du petit monde juif des Valeureux de Céphalonie? Parmi les traits caractéristiques identifiés par Albert Bensoussan – nomadisme, lien viscéral à la mère, retour sur l’enfance, culture de la « table dressée », emphase verbale – nous avons opté pour une perspective d’ordre linguistique. Cet angle d’attaque permet en effet d’approfondir, d’abord, la question centrale de la langue maternelle, qui a partie liée avec le concept clé d’ancrage culturel et avec l’axiome langue-patrie, ensuite, l’isotopie de l’emphase et de la jouissance langagière chez les Valeureux, enfin, le lien symbolique existant entre l’amour des mots et celui des mets emblématiques de la tradition culinaire juive méditerranéenne.

Albert Cohen écrivain séfarade?

Laurence Audeoud
2020-01-01

Abstract

L’article se propose, notamment, de faire le point sur la manière dont la critique a reconnu en Cohen un écrivain séfarade – adjectif dont l’acception exige un éclaircissement d’ordre terminologique – en retournant pour cela aux origines corfiotes d’Albert Cohen telles que les révèlent, d’une part, l’approche biographique, d’autre part, le versant autofictionnel de l’œuvre. L’article soulève ainsi plusieurs questions : est-il légitime de considérer Albert Cohen comme un écrivain séfarade à part entière ? Quelle langue a bercé la tendre enfance de Cohen, et quels rapport entretiendra-t-il avec la langue première lorsque la langue seconde, le français, garant de l’intégration sociale, prendra le pas sur la première ? Quelles traces de la culture séfarade peut-on relever dans l’œuvre fictionnelle ? La fière revendication d’une filiation séfarade par la branche aînée du héros Solal suffit-elle à justifier la « séfaradité » du petit monde juif des Valeureux de Céphalonie? Parmi les traits caractéristiques identifiés par Albert Bensoussan – nomadisme, lien viscéral à la mère, retour sur l’enfance, culture de la « table dressée », emphase verbale – nous avons opté pour une perspective d’ordre linguistique. Cet angle d’attaque permet en effet d’approfondir, d’abord, la question centrale de la langue maternelle, qui a partie liée avec le concept clé d’ancrage culturel et avec l’axiome langue-patrie, ensuite, l’isotopie de l’emphase et de la jouissance langagière chez les Valeureux, enfin, le lien symbolique existant entre l’amour des mots et celui des mets emblématiques de la tradition culinaire juive méditerranéenne.
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